A la veille de la dernière semaine d’une longue marche lancée le 18 mai depuis Kheln en Allemagne, la voix des sans droits, ravale ses fatigues et ses obstacles pour pousser sa dynamique du changement vers son objectif: Redonner aux migrants ses droits volés par une politique européenne inhumaine. L’on a cru en fin de cette semaine que la marche ménagerait ses forces pour la dernière semaine décisive, que non! Il n’y a pas de repos pour un homme qui réclame son droit à la citoyenneté.
D’abord usés littéralement par l’arrestation de leurs camarades à la veille aux frontières de la France et l’Italie, les marcheurs sans droits ont enfin poussé un ouf de soulagement à l’annonce de la libération des leurs en mi-journée. C’est ainsi que des dizaines de migrants ont dès 13 heures rallié le camp installé en plein coeur de Bruxelles, à un jet de pierre du Parlement Européen. L’arrivée des autres groupes français, en l’occurence le Collectif des Sans Papiers Paris (CSP 75, Paris) et allemands notamment le groupe de Köln, pour ne citer que ceux-ci, a booster davantage les énergies. Pas un temps de répit.
Accrochés aux pancartes et banderoles fortement dénonciatrices des violations des droits des migrants, les activistes ont dès 15 heures nourri la curiosité des Bruxellois à travers les grandes artères de la ville. Solidarité pour les “sans papiers”, Kein Mensch ist illegal, We are here, we want fight for free freedom, it’s every body’s right… c’est finalement en une demie dizaine de langue que les camarades vont exprimer leur ras-le-bol. Si l’on a souligné d’emblée le courage et la détermination des demandeurs d’Asile, des migrants, des réfugiés, il faut noter que la marche sur Bruxelles ce dimanche 22 juin 2014 s’est encore illustrée positivement par le choix des cibles et le sens de la responsabilité des marcheurs. En ce qui concerne les cibles, un premier arrêt remarquable s’est fait à Petit château devant le centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Ici le cri du camarade Géraud POTAGO en langue française a dénoncé les politiques colonialistes de l’Union Européenne. Pour rajouter de l’eau à son moulin, en langue arabe, l’activiste SALA MAHAMAD a davantage insisté sur la liberté du migrant où qu’il se trouve. Il a exhorté les uns et les autres à continuer la lutte et à espérer dans la résistance. Comme le veut la tradition de la marche ils sont traduits en anglais pour accroitre la réception du message.
C’est des dizaines de demandeurs qui ont répondu à l’écho des camarades ayant brisé les frontières jusqu’à eux. Cap sur la deuxième cible de la journée: La bourse de Bruxelles. Le nom peut être moins évocateur, mais la symbolique du lieu l’emporte en ce sens qu’il est le reflet même de la revendication agissante dans la capitale de l’Union Européenne. Ici même, presque tous les bruxellois de la place et environs se sont immobilisés pour ne rater aucune bribe du propos dénonciateur de l’activiste Richard DJIMELI FOUOFIE. Comme il y’a deux jours devant le Parlement Européen, cet artiste activiste, a interpellé avec verve et assurance, les décideurs sur ce qu’il appelle “crime d’un capitalisme sans frontières”. Il a demandé à l’Union Européenne d’assumer ses choix. ” la migration naît des guerres de l’OTAN, elle naît des dictatures installées et protégées en Afrique et en Asie par les multinationales européennes et américaines avec la complicité malsaine de leurs gouvernements”. Il a fini par rappeler à l’auditoire “le caractère inhérent de la migration à l’existence de l’humain. le mouvement est inscrit dans les gènes de tout homme”. Trésor de “la voix des migrants” abondera dans le même sens et insistera sur la police criminelle des frontières, sur “les guerres importées dans le territoire des migrants en ce sens que ceux-ci ne fabriquent pas les armes”.
La marche, portée à ce moment fatidique par la volonté insatiable des migrants et supporters va atteindre son dernier point stratégique de la journée: l’Eglise de Bégunage. Il faut noter que ce temple, occupée par les réfugiés majoritairement Afghans, est devenu le pouce levé de la résistance du migrant dans la capitale belge. L’on va écouter ici, entre autres, l’intervention de Kebe MAMEDY du CSP 75 Paris qui, au-delà des réclamations évidentes comme l’accès pour tous à l’éducation et au travail, va attirer l’attention des marcheurs sur la nécessité de s’unir dans la lutte.
En somme, aujourd’hui, 3 heures d’intenses actions ont d’ores et déjà annoncé les couleurs des sept prochains jours: Infatigables, les migrants, dans une dynamique respectable des principes de la non-violence, veulent parler juste, parler fort, parler partout. Au regard des lois restrictives des libertés, de plus en plus grandissantes dans les Etats de l’Union Européenne, au regard de la détermination de plus en plus affirmée des migrants à disposer de leurs droits, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les parlementaires européen(e)s, dans les jours qui vont suivre, seront obligés de constater que leurs lois ont grandi, la résistance aussi.
Article proposé par Richard DJIMELI FOUOFIE